L'église Saint-Denis

Une première église Saint-Denis est attestée à Montpellier à la fin du XIe siècle. Devenue paroisse au début du XIIe siècle, elle était située hors les murs, sur la colline de Montpelliéret, au nord-est de la ville et fut détruite en 1562 lors des guerres de Religion.

L’église Saint-Denis

façade église st_denisVoir l'image en grand Elévation de la façade - projet d'Aviler

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La première pierre de la nouvelle église Saint-Denis est posée le 30 août 1699 au faubourg de la Saunerie, à l'emplacement d'un ancien cimetière de Notre-Dame des Tables, au carrefour des chemins de Saint-Martin de Prunet et de Béziers. L'édifice, d'une grande sobriété, est conçu par l'architecte Augustin Charles d'Aviler (1653-1701), élève d'Hardouin-Mansart, alors architecte officiel des Etats de Languedoc et de la Ville de Montpellier. Le plan adopté est celui d'une croix latine à bras très peu saillants, sans chapelles latérales, avec une nef à deux travées et un choeur d'une travée et demie.

L'ensemble de l'édifice est couvert en berceau et la croisée du transept est « voûtée en cul de four sur un plan carré appelé pendentif de Valence ». L'intérieur offre une architecture très sobre rythmée par des pilastres, supportant les arcs doubleaux, surmontés d'un entablement faisant office de chapiteaux. L'abside est fermée par un mur rectiligne doté d'une profonde voussure.

Pour le maître-autel d'Aviler avait prévu « un retable d'ordre corinthien de pilastres couronnés de leur entablement composé d'architrave, frise et corniche avec un fronton cintré ». Inspirée des architectes de la Renaissance italienne (Palladio, Vignole), la façade austère et soignée, est formée d'un avant corps surmonté d'un fronton triangulaire en pierre de Vendargues ; les soubassements étant en pierre de Saint-Jean de Védas. Sa verticalité est marquée par une paire de deux pilastres ioniques. A l'origine, le fronton supportait un clocheton couronné d'une croix de pierre.

Le 14 octobre 1707, la paroisse Saint-Denis est refondée avec un territoire comprenant tous les faubourgs par ordonnance de l'évêque de Montpellier, Charles Joachim de Colbert de Croissy. Celui-ci consacre la nouvelle église le 30 octobre 1707.

Sous la Révolution, l'église fermée en 1793, est vendue comme bien national. Elle n'est rendue au culte qu'en 1801.

Le bâtiment est racheté par la ville en 1824 ; le presbytère, la sacristie et trois jardins attenants l'année suivante. Les travaux d'agrandissement pour accueillir un plus grand nombre de fidèles sont alors entrepris au détriment du caractère originel classique de l'édifice empreint d'une élégante simplicité portée par d'harmonieuses proportions.

De 1834 à 1836, les croisillons du transept sont élargis pour créer les chapelles de la Vierge et du Sacré-Coeur de part et d'autre de la coupole, des collatéraux surmontés de tribunes sont ajoutés permettant l'ouverture de chapelles latérales et un portail latéral est construit (côté avenue de Toulouse). La façade principale est alourdie par la construction de deux corps latéraux portant fenêtres et ornés de chaînages d'angle.

En 1894, est décidée une extension du choeur de 15 mètres. Du choeur primitif, ne subsiste plus que la première travée dont la voûte avait reçu les décorations des peintres Monseret et Baroffi en 1851.

L'aménagement actuel du choeur a été réalisé en 1970 avec l'installation d'un nouvel autel, la suppression de la table de communion et le déplacement sur le côté droit de la statue de saint Denis, premier évêque de Paris et saint patron de la paroisse, auparavant située derrière le maître-autel.

Dossier  réalisé par Christine Feuillas (Ville) et Hélène Palouzié (DRAC) dans le cadre de la convention plan-objet Ville de Montpellier-DRAC Occitanie pour la conservation, restauration et valorisation des églises de Montpellier

D'après Henri Michel, Thierry Verdier, Jean Nougaret, Hélène Palouzié, Louis Secondy, Saint-Denis de Montpellier, Genèse et évolution d'une paroisse, éditions de l'Espérou, 2008.
Elévation de la façade projet d'Aviler

 vierge à l'enfant église st_denisVoir l'image en grand Statue de la Vierge à l'Enfant.

Statue de la Vierge à l’Enfant

Auguste Baussan, marbre blanc, H.162cm

Eugène Martin (1800-1868), curé de Saint-Denis de 1844 à 1868, fit appel comme le curé Manen aux artistes célèbres de la région pour embellir l’église. Il commanda le décor de la coupole et du choeur à Tommaso Baroffi (1792-1877) et Jean-Pierre Montseret (1813-1888), et Montseret réalisera son portrait à sa mort en 1868 (conservé dans la sacristie).

Il offrit par legs à son église une nouvelle chaire et la statue de la Vierge à l’Enfant pour la Chapelle de la Vierge.

La réalisation de cette statue est confiée dès 1868 par le Conseil de Fabrique au sculpteur montpelliérain Auguste Baussan (1829-1907) ; elle est terminée le 24 mai 1877, payée 3000 francs et placée le 4 janvier 1880 dans le retable de la Vierge réalisé par le marbrier marseillais Cantini en 1879.

 monument abbé martinVoir l'image en grand Monument à la mémoire de l’abbé Martin

Le monument à la mémoire de l’abbé Martin, curé de 1844 à 1868

Auguste Baussan, 1877
Marbre

Le Conseil de Fabrique fera aussi ériger par Baussan le Monument à la gloire du curé Martin, couronné par son buste en marbre et composé d'un médaillon accosté de deux anges, orné de la dédicace : à la mémoire/ de Jean Etienne Martin (d'Agde)/ curé de cette église/ éminent/ par ses vertus, son éloquence,/ et ses écrits./ décédé le 7 mai 1868/ à l'âge de 68 ans./ Témoignages/ des regrets et de la reconnaissance/ de ses paroissiens.

Commandé en 1868, le monument est terminé en 1879.

Il est payé par le Conseil de Fabrique grâce au produit de la vente de la bibliothèque du curé Martin léguée à la paroisse.

Les tableaux de Nicolas-René Jollain à Montpellier

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Jollain appartient à la génération de peintres d'histoire de la seconde moitié du XVIIIe siècle, Restout, Van Loo, Coypel, Hallé, Pierre, François-André Vincent, actuellement en pleine réhabilitation comme en témoignent les nombreuses publications récentes sur le sujet (éditions Arthena). Héritières du style classique (Bourdon, Poussin), ces peintures sont parmi les premières à montrer le renouveau de la peinture d'histoire vers 1760.

Cette peinture est aujourd'hui un axe fort du nouveau Musée Fabre qui dans son nouveau parcours consacre les grandes salles claires sur le boulevard à ce courant artistique, avec de grands formats religieux de Restout, Lagrenée, Suvée et au néoclassicisme de Vien et de Fabre. Les tableaux de Jollain de Montpellier sont désormais restaurés et présentés dans les mêmes conditions que les oeuvres religieuses de cette époque, dans une église, ce qui constitue un complément artistique et pédagogique au musée Fabre.

Nicolas-René Jollain (Paris, 1732-1804) est un peintre de sujets religieux et mythologiques qui a eu son heure de gloire au XVIIIe siècle. Elève de Jean-Marie Pierre (1714-1789), il fut agréé à l'Académie Royale en 1765 et exposa régulièrement au Salons de 1767 à 1791. Il obtint des commandes prestigieuses, pour Versailles, Bellevue et une toile pour la chapelle du château de Fontainebleau, toujours en place.

A ses débuts, dans les années 1760, son style était encore un peu marqué par l'art rococo de son époque, mais très vite il fut l'un des défenseurs du style néo-classique. Proche de l'artiste montpelliérain Joseph Marie Vien (1716-1809), peintre qui a révolutionné la peinture au cours du XVIIIe siècle et devint peintre du roi en remplacement de Pierre en 1789, Jollain fut nommé membre de la Commission des Monuments en 1795. Il fut le maître de nombreux peintres, parmi lequel Anne-Louis Girodet (1767-1824).

Ces oeuvres sont conservées au musée du Louvre, au musée Carnavalet à Paris et dans d'autres musées de province et étrangers (Wallace Collection à Londres). L'une de ses oeuvres majeures est Madame de Ransaing intercédant pour les filles perdues dans la chapelle du Notre-Dame du Refuge à Besançon qui a récemment fait l'objet d'une restauration.

Les 4 tableaux de l'église Saint-Denis

Ces tableaux sont accrochés face à face sur les murs latéraux des chapelles de la Vierge (Le Baptême du Christ et La Résurrection de Lazare) et du Sacré-Coeur (La Transfiguration et La Cène à Emmaüs).

Le classement de ces oeuvres au titre des Monuments historiques le 29/04/1993, leur restauration en 2007 et les recherches qui s'en suivirent ont permis de retrouver l'origine de la commande des quatre peintures rachetées par le curé Manen en 1811 pour l'église Saint-Denis et de rajouter à ce cycle celle conservée dans l'église de Marsillargues, Le Lavement des pieds (classé MH le 23/04/1979), longtemps attribuée à Jean-Jacques Lagrénée puis à son maître Jean-Baptiste-Marie Pierre.

Les oeuvres religieuses du XVIIIe siècle sont rares dans les églises en France et il est plus rare encore de trouver un cycle de quatre toiles, car elles ont été souvent dispersées. Grâce à Alexandre Lenoir (1761-1839), pour limiter la dispersion et la destruction de tous les objets d'art des biens nationaux confisqués à Paris aux différentes maisons religieuses, les oeuvres saisies furent entreposées provisoirement dans un même lieu à Paris, le couvent des Petits-Augustins, qui deviendra en 1795 le musée des Monuments français.

C'est là que furent transportés et catalogués les tableaux de Jollain. Ils font partie en effet des oeuvres saisies à la Révolution Française puis vendues, à la suite de l'aliénation des biens du clergé et de la grande braderie qui s'en suivit. Ils furent commandés pour l'église des Prémontrés Réformés de la Croix Rouge de Paris en 1762. La commande des Prémontrés à Jollain comprenait 5 toiles (Archives Nationales, S 4342 : Etat des Maisons, Biens, Revenus et effets de MM les chanoines Prémontrés de la Croix Rouge de Paris, cité par Savignac, 2002).

 La Résurrection de LazareVoir l'image en grand

La Résurrection de Lazare

Nicolas-René Jollain, 1762
Huile sur toile
H. 345 x l. 194 cm
Classé au titre des MH le 09/05/1981

Seul tableau signé du cycle de Saint-Denis (Signé et daté N R JOLLAIN 176[2 ?] en bas à gauche), La Résurrection de Lazare par la fougue de l’exécution, l’énergie du coloris et la vigueur de l’expression, se distingue des trois autres tableaux où dominent la grâce et l’élégance des demi-teintes.

D’après l’Evangile selon Jean II, 1-44, Jésus s’écrit : « Lazare vient dehors ! ». Et Lazare surgit de son tombeau enveloppé de son suaire. Le retour à la vie de Lazare préfigure la Résurrection promise à tous les croyants au moment du Jugement dernier.

Les deux soeurs de Lazare, Marthe et Marie, ont appelé Jésus au secours de Lazare malade, mais lorsqu’il arrive, Lazare repose depuis quatre jours dans le sépulcre près duquel parvient le cortège éploré. Marthe, dans un total abandon à la sagesse divine, est agenouillée au pied de Jésus qui ordonne de pousser la pierre du tombeau. Les nombreux personnages dont on aperçoit les têtes entassées à l’arrière-plan donnent une impression de confusion : qui pourrait mettre en doute la réalité du prodige accompli sous les yeux d’une foule qui se presse et sur un cadavre déjà en décomposition ?

La multiplicité des personnages, l’abondance des détails, la superposition des mains et des regards, la puissance des musculatures du premier plan, véritables morceaux d’anatomie, confèrent à la scène mouvement et effet de surprise, expressions théâtrale du miracle inconcevable. Ce tableau complexe, où les formes sont encore confuses mais où les grandes diagonales équilibrent la composition soulignée par le contraste des couleurs, trouvera son unité dans un tableau d’une grande originalité : Le Bon Samaritain, que Jollain peint en 1773 pour sa réception à l’Académie, conservé dans l’église Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris.

La parenté de ces oeuvres est saisissante : même ciel menaçant dominé par la silhouette effrayante d’un tronc d’arbre décharné, même homme, à demi mort, le corps aux os saillants, recouvert d’une draperie, les bras levés, regardant son sauveur. L’élégance du turban du Samaritain, fait écho au raffinement du drapé qui ceinture le torse athlétique de l’homme agenouillé auprès de Lazare.

 Le baptême de Jésus_ChristVoir l'image en grand Le baptême de Jésus-Christ

Le Baptême de Jésus-Christ

Nicolas-René Jollain, 1762
Huile sur toile
H. 345 x l. 194 cm
Classé au titre des MH le 09/05/1981

Le thème évoquant le baptême fondateur est l’un des plus fréquents de la peinture religieuse, donnant lieu à de multiples interprétations de l’épisode du Nouveau Testament : Jésus ayant été baptisé au bord du Jourdain, le ciel s’ouvrit et le Saint-Esprit descendit sur lui comme une colombe. L’oeuvre de Jollain dans sa composition est proche du Baptême de Jésus-Christ peint en 1747 par le Nîmois Charles-Joseph Natoire (1700-1777) et conservée au musée des Beaux-Arts d’Arras. Une même nuée de putti entourent la colombe du Saint-Esprit irradiant la scène de ses faisceaux lumineux.

Cette utilisation poétique et lyrique de la lumière et des couleurs confère à la scène un caractère intimiste, propre à la peinture de Jollain. Qu’il s’inspire de Natoire, l’un des peintres les plus importants du règne de Louis XV, n’a rien de surprenant : Natoire, élève du célèbre peintre parisien François Lemoyne (1688-1737), directeur de l’Académie de France à Rome de 1751 à 1775 – date à laquelle il sera remplacé par Vien –, avait été son maître à l’Académie.

La découverte d’un dessin préparatoire, dans la lignée des académies romaines, rappelle l’apprentissage de Jollain auprès des grands maîtres et révèle son talent : du Christ agenouillé émane une impression de force et de retenue mêlées, la puissance de la musculature contrastant avec la légèreté du drapé qui l’enveloppe.

Cette étude dessinée pour la figure principale du Baptême du Christ, autrefois attribué à Lemoyne, témoigne de l’élégance de la mise en page et de la maîtrise technique de Jollain, soulignées par Pierre Rosenberg. Elle est conservée à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (collection Mathias Polakovits).

D’après Hélène Palouzié, « Les oeuvres d’art de l’église Saint-Denis », Saint-Denis de Montpellier, Genèse et évolution d’une paroisse, éditions de l’Espérou, 2008, p. 74-107

 La Cène à EmmaüsVoir l'image en grand

La Cène à Emmaüs

Nicolas-René Jollain, 1762
Huile sur toile
H. 345 x l. 194 cm
Classé au titre des MH le 09/05/1981

Le Christ ressuscité se révèle à deux disciples dans la soirée du dimanche qui suivit sa crucifixion et sa mise au tombeau. L'Evangile selon saint Luc rapporte leur merveilleuse aventure (Lc 24, 13-32) : s'éloignant de Jérusalem, découragés par la mise à mort de leur maître, deux pèlerins sont rejoints par un voyageur qu'ils invitent à leur table, le soir venu, tout près du village d'Emmaüs. Dans la pénombre luminescente de l'auberge, Jésus, les yeux levés au ciel pour marquer son union au Père, rompt le pain comme il l'avait fait au Cénacle en présence des apôtres, et c'est alors que les deux disciples d'Emmaüs le reconnaissent.

Par cette scène mystérieuse, image du renouvellement de la foi, propice au clair obscur et à l'inclinaison dramatique de Caravage (1606, Milan, Pinacothèque de Brera) ou de Rembrandt (1648, Paris, musée du Louvre), Jollain révèle sa maîtrise de la lumière et son talent de coloriste. Cette version est très proche de celle qu'il réalisa en 1769 pour l'église Saint-Maurille de Souvigné-sur-Sarthe. Dans un langage pictural empreint de classicisme, il situe la scène dans un décor architectural s'inspirant de la coupole du tableau peint par Charles-Antoine Coypel (1696-1752) pour l'église Saint-Merry de Paris.

D'après Henri Michel, Thierry Verdier, Jean Nougaret, Hélène Palouzié, Louis Secondy, Saint-Denis de Montpellier, Genèse et évolution d'une paroisse, éditions de l'Espérou, 2008

 La TransfigurationVoir l'image en grand La Transfiguration

La Transfiguration

Nicolas-René Jollain, 1762
Huile sur toile
H. 345 x l. 194 cm
Classé au titre des MH le 09/05/1981

Fêtée le 6 août, la Transfiguration est un épisode de la vie du Christ, métamorphose corporelle préfigurant l'état physique propre à la Résurrection. Ce changement d'apparence révélant la nature divine de Jésus se situe après l'épisode de la multiplication des pains préfigurant l'Eucharistie.

Dans le souvenir du décor du plafond du noviciat des Jacobins de Lemoyne, Jollain représente le Christ transfiguré, entre deux grandes figures bibliques – Moïse représentant la loi et Elie, l'ensemble des prophètes –, quand est révélée aux apôtres la nature divine du Christ. Les Evangiles Matthieu, Marc et Luc décrivent ainsi l'événement : « Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et s'en alla sur une montagne pour prier, au mont Thabor, non loin de Nazareth et du lac de Tibériade. Et pendant qu'il faisait sa prière, son visage devint blanc comme le soleil et ses vêtements blancs comme la neige. Cependant Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; se réveillant, ils le virent dans sa gloire ainsi que les deux hommes qui étaient avec lui ».

Le thème de la Transfiguration précède celui de l'Ascension dont il est une sorte d'anticipation, si bien que les deux iconographies fusionnent parfois. Ici en effet, comme dans le célèbre tableau de Raphaël, le Christ est en lévitation dans les airs contrairement aux récits des Evangiles. La lumière irradie la scène et oriente la composition soulignant, dans un raccourci audacieux, les masses colorées des corps des apôtres encombrés de lourdes draperies.

Nicolas-René Jollain réalise en 1769 trois tableaux pour les retables de la chapelle du monastère du Refuge de Besançon, un des plus élégants sanctuaires Louis XV de Franche-Comté : la composition du tableau où la fondatrice de l'ordre du Refuge de Nancy intercède pour son oeuvre, n'est pas sans rappeler celle de la Transfiguration de Montpellier.

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 la fuite en égypteVoir l'image en grand

La Fuite en Egypte

Attribué à Jean Coustou, 18e siècle
Huile sur toile ; H. 208 x l.140 cm

Classé au titre des mh le 21/04/2008

Le tableau de La Fuite en Egypte s’apparente par son style aux oeuvres du peintre montpelliérain Jean Coustou (1719-1791), dont l’oeuvre abondante dans les églises de l’Hérault est en grande partie répertoriée, classée et restaurée. Jean Coustou, premier maître de François-Xavier Fabre (1766-1837), condisciple et ami du peintre Joseph-Marie Vien, est un des plus illustres peintres montpelliérains du 18e siècle. Peintre du diocèse et peintre attitré de la ville de Montpellier à partir 1746, il se consacra pendant plus de quarante ans à une carrière entièrement provinciale.

Il était particulièrement lié à l’abbé Manen, curé de Saint-Denis de 1765 à 1817, dont il avait épousé la soeur Jeanne Manen en 1753, et l’un de ses enfants, Pierre-François-Xavier, neveu et vicaire de Manen, oeuvra avec courage à la réouverture au culte de l’église Saint-Denis. Le tableau du Baptême du Christ qui orne la chapelle des fonts baptismaux lui est aussi attribué.

 Christ au milieu des maladesVoir l'image en grand

Le Christ au milieu des malades

Auguste Barthélemy Glaize,1846
Huile sur toile ; H. 225,5 x l. 206 cm
Classé au titre des mh le 09/05/1981

Au 19e siècle, la peinture religieuse, influencée par le romantisme d'Ingres, Gros et Delacroix, et le mouvement puriste et archaïsant des Nazaréens, affirme son renouveau dans les années 1840-1860, où réalisme et éclectisme triomphent. Une doctrine de l'art religieux se met progressivement en place en faveur de la vocation enseignante du décor, encouragée par la Confrérie de Saint-Jean et la politique de commande du gouvernement. Ce besoin de spiritualité donne lieu à un art philosophique, humanitaire exprimé par quelques peintres - la plupart oubliés de l'histoire de l'art - Ary Scheffer (1795-1858), Paul Delaroche (1797-1856), Eugène Amaury-Duval (1808-1885), Emile Signol (1804-1892), P.M.J. Chenavard (1807-1895), Hippolyte Flandrin (1809-1864), J.L. Jamnot (1814-1892),

Savinien Petit (1815-1878), Théodore Chassériau (1819-1856), Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898), Jean-Léon Gérôme (1824-1904), etc.

L'artiste montpelliérain Auguste Barthélemy Glaize (1807-1893) est l'un des représentants majeurs de ce courant, comme son contemporain Paul Delaroche. Elève des deux frères Achille (1800-1857) et Eugène Devéria (1805-1865), il expose au Salon pendant près de cinquante ans, de 1836 à 1880. Son oeuvre, dont on devine l'importance est particulièrement bien représentée dans les collections montpelliéraines et les églises de l'Hérault. Ses tableaux d'église sont pour la plupart classés au titre des Monuments historiques.

Le Christ au milieu des malades symbolise l'amour miséricordieux de Jésus et la morale de la charité et s'inscrit dans la dévotion au Sacré-Coeur : le Christ se présente comme un maître au coeur humble et doux, auprès duquel l'homme pourra trouver le repos. La mention du titre du tableau dans les inventaires « Venite ad me omnes », fait référence au texte de l'Evangile (Matthieu, 11, 38) : Venite ad me qui laboratis et onerati estis et ego reficiam vos. [« Venez à moi, vous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai]. Traité comme une scène de genre, il illustre, dans la mouvance d'Ingres, la représentation humanitaire de la foi, toujours dans le goût d'une peinture philosophique et enseignante. Signé et daté 1846, ce tableau fut offert en 1846 à la paroisse par les Dames du Sacré-Coeur pour orner la chapelle du même nom ; il se trouvait en 1895 dans la nef. Par souci de conservation, le tableau a été transféré en 2015 de la chapelle de sainte Thérèse de Lisieux dans le choeur.

 Le RetableVoir l'image en grand

Le retable

Alexis Poitevin, 1806
Stuc et plâtre

Répondant aux besoins du renouveau de l'Eglise, le retable du maître-autel est la première oeuvre offerte par Philippe-Joseph Manen à son église. Documentée par le Registre des délibérations du Conseil de Fabrique de la paroisse Saint-Denis, Montpellier (12 août 1806- 2 avril 1837), l'oeuvre était composée d'un bas-relief représentant le Martyre de saint Denis avec deux statues saint Rustique prêtre et saint Eleuthère diacre, martyrs compagnons de saint Denis, et plusieurs autres décorations, guirlandes et médaillons. Le retable était couronné d'une gloire et d'un fronton (disparus) représentant Jésus-Christ portant sa croix et environné de nuées et têtes de chérubins ; deux tableaux y étaient intégrés, saint François de Sales et saint Vincent de Paul.

Commandé au sculpteur Alexis Poitevin (1764-1816), le retable fut installé en 1806 (daté et signé potevin fecit 1805) et payé 1800 francs. Alexis Poitevin, sculpteur né à Roussillon-les-Apt (84), élève de l'Ecole des Beaux-Arts de Marseille puis de l'Académie Royale de 1785 à 1792 exécuta de nombreux travaux dans l'Hérault et le Gard où il s'installa. C'est en 1805 aussi qu'il réalisa à la demande de Jean-Antoine Chaptal (1756-1832) quatre bustes en terre cuite pour la faculté de médecine de Montpellier (inscrits au titre des Monuments historiques le 3 mars 2004) : Théophile Bordeu (1722-1776), François Boissier de la Croix de Sauvages (1706-1767), Guy de Chauliac (1300-1368) et Lazare Rivière (1589-1655). Parmi les décors de stuc et plâtre signés de sa main, citons le retable en stuc de l'église Saint-Louis de Sète, classé au titre des Monuments historiques le 9 décembre 1988, (potevin fecit 1815) et le groupe sculpté du Christ et saint Jean-Baptiste du retable des fonts baptismaux de la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers (potevin fecit 1816).

 La Transverbération de Sainte-ThérèseVoir l'image en grand

La Transverbération de Sainte Thérèse

Auguste Barthélemy Glaize, 1841
Huile sur toile
H. 350 x l. 250 cm
Classé au titre des mh le 09/05/1981

La Vision de sainte Thérèse d'Avila, tableau signé du peintre montpellierain Auguste Barthélemy Glaize et daté 1841, exposé au Salon de la même année, est un dépôt de l'Etat, acheté 1500 francs et attribué à la commune de Montpellier. Mentionné avec son cadre doré dans les inventaires de 1846, 1847 et 1889, il ornait la chapelle de Sainte-Thérèse depuis 1842, jusqu'à son tranfert dans le choeur en mars 2016.

Si le prototype de ces années est la sainte Thérèse de Gérard (1770-1837) peinte en 1828 offert par Mme de Chateaubriand pour la chapelle de l'infirmerie de Paris, Glaize, par son tableau empreint d'une sensualité à la fois débordante et méditée, fait preuve d'originalité offrant une composition claire et monumentale propre à la narration philosophique. Elue de Dieu, fondatrice de l'ordre réformé des Carmélites déchaussées, la mystique espagnole de la Contre-Réforme joint le ravissement à l'ascétisme. Raconté dans son autobiographie écrite en 1562, il lui semblait que son âme tirait à elle son corps maladif, sujet à des attaques de catalepsie et le consumait.

Le Christ porté par deux anges apparaît à sainte Thérèse, agenouillée, en proie à un vertige divin et soutenue par un ange. Cet état de ravissement prend corps dans l'atmosphère intime de son oratoire, d'un dépouillement radical, où la nature morte est le contrepoint emblématique et formel de l'envolée des anges et du Christ. Deux mondes posés en vis-à-vis, unis par la fonction spirituelle de leur dialogue et la complémentarité de leur message. A travers la symbolique efficace et immédiate de l'obscurité de la vie terrestre surgit le rayonnement spirituel. Aux manifestations de la méditation, prestigieux attributs des exercices spirituels, plume et encrier, livre, crâne et croix, se substitue la figure de la sainte, fragile et sereine, dans un état d'anéantissement et d'abandon, aboutissement de son cheminement intérieur et symbole de sa pensée créatrice. Par l'alchimie de la mise en scène, la fusion des symboles, la figure de sainte Thérèse devient un modèle universel de méditation engagée sur l'éternité.

Ses visions et ses extases ont inspiré de nombreux artistes italiens, flamands et français, notamment Le Bernin (Rome, église Santa-Maria della Vittoria), Rubens (musée d'Anvers) et Le Brun (couvent des Carmélites, Paris).

 Saint-DenisVoir l'image en grandLa statue de Saint Denis

Louis Castex, 1929
marbre blanc
H. 222 x l. 85 cm

« Nous avons enfin la joie de voir dressée sur son haut piédestal dominant l’autel, la statue en marbre blanc de saint Denis, le glorieux patron de la paroisse. Elle mesure 2m10 de haut. L’évêque de Paris est représenté revêtu des ornements épiscopaux, des tunicelles, de l’étole et de l’ample chasuble sur laquelle descend le pallium. De la main droite il tient la crosse, symbole de sa juridiction et la main gauche serre sur la poitrine le livre ouvert des saints Evangiles sur lequel est gravé le texte de saint Paul, si succinct et à la fois si riche de sens : Jesus Christus heri, et hodie : ipse et in saecula (Hebr.XIII. 8) [Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui et il le sera pour l’éternité]. La tête coiffée de la mitre est d’une imposante noblesse et l’ensemble produit une impression de sereine majesté ».

Archives paroissiales de Saint-Denis, La vie paroissiale à Saint-Denis, avril-mai 1927.

L’oeuvre commandée par le chanoine Granier en 1927, bénite le 13 octobre 1929, a été réalisée par le sculpteur lyonnais Louis Castex (1868-1954) et payée 25 000 francs. Ce sculpteur s’est surtout consacré à la sculpture religieuse. Reconnu en 1926, par son exposition au Salon des Artistes Français du modèle en marbre de la sainte Jeanne d’Arc, exécutée en 1925 pour l’église Saint-Philibert-de-Charlieu (Loire), il est également membre du Groupe des Artisans de l’Autel. La statue de saint Denis illustre le talent de Louis Castex, marqué par un mysticisme catholique et un refus de l’effet qui s’incarne dans une sculpture sereine, d’esprit et de forme classiques.

 La Déposition de croixVoir l'image en grandLa Déposition de croix

d'après Jean-Baptiste Jouvenet, 18e siècle
Huile sur toile, H. 208 x l. 140 cm
Inscrit au titre des mh le 21/04/2008

Narrée par les quatre Evangiles, précédant la Mise au Tombeau, cette scène prolonge la Descente de croix, où Joseph d’Arimathie ayant obtenu de Pilate l’autorisation d’ensevelir le Christ, descend le Christ de la croix assisté de Nicodème. Saint Jean et Joseph enveloppent le corps
d’un linceul. Marie, dans une attitude pathétique, mains tendues vers le corps sans vie, les yeux levés vers le ciel, est au centre de la composition, avec derrière elle, les saintes femmes en pleurs.

Jean-Baptiste Jouvenet (1644-1717) compte parmi les principaux peintres religieux du début du 18e siècle. Imprégnées de la leçon de Charles Le Brun (1619-1690), ses compositions attestent d’une parfaite maîtrise dans la disposition des scènes et ses oeuvres comme la Descente de croix ou la Déposition, dont il existe plusieurs répliques d’atelier, furent des dizaines de fois copiées.

Le tableau de l’église Saint-Denis inscrit au titre des Monuments historiques en 2008, est mentionné pour la première fois dans les archives de la paroisse le 6 juin 1817 comme don testamentaire du curé Manen, puis en 1846 : « Deux tableaux à cadres dorés aux bouts des collatéraux représentent l’un la Fuite en Egypte, l’autre la Descente de croix ; ce dernier est une copie du grand tableau de Jouvenet faite dans son atelier et sous sa direction par son premier élève ; ce tableau a un prix particulier ». Cette toile est une copie du 19e siècle extrêmement fidèle au tableau conservé aujourd’hui à Toulouse au musée des Augustins, réplique de 1714 de la version originale datée de 1708 et peinte pour l’église Saint-Maclou de Pontoise.

D’après Hélène Palouzié, « Les oeuvres d’art de l’église Saint-Denis », Saint-Denis de Montpellier, Genèse et évolution d’une paroisse, éditions de l’Espérou, 2008, p. 74-107.

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