Commémorations nationales

Personnalités montpelliéraines célébrées en 2017 et 2016 (Pierre Daru, Guillaume Rondelet, Joseph-Marie Vien, Antoine Ranc, Sébastien Bourdon...)

250ème anniversaire de la naissance de Pierre Daru (1767-1829)

Voir l'image en grand Portrait gravé de Pierre Daru

 Pierre Daru (1767-1829), homme d’Etat, comte d’Empire, fut l’un des plus proches collaborateurs de Napoléon Bonaparte qui admirait sa probité et sa force de travail. Il fit toute sa carrière au ministère de la Guerre. Entré dans l’intendance militaire sous l’Ancien Régime, commissaire des guerres sous la Révolution, il se révéla un excellent administrateur et gestionnaire, et gravit tous les échelons jusqu’à devenir ministre chargé de l’Administration de la guerre (1813-1814).

Intendant général de la Grande Armée à partir de 1806, il occupa un rôle essentiel dans l'organisation des campagnes napoléoniennes. Il prépara notamment la campagne de Russie en 1812 et fut chargé de l’exécution des traités de Presbourg et de Tilsit. Même s’il n’a pas combattu sous les drapeaux, son nom est gravé sur l’Arc de triomphe de l’Etoile.

Ecarté de la vie politique après 1815, Pierre Daru finit sa vie en homme de lettres, et se consacra à la poésie et à l’histoire. Il entra à l’Académie française en 1816 et publia une Histoire de la république de Venise et d’autres pièces de circonstance. Avec son frère le baron Martial Daru, il fut le protecteur d’Henri Beyle, son cousin et futur Stendhal, qu’il fit entrer dans l’administration impériale. Aussi, Daru apparaît-il dans certaines œuvres du grand écrivain.


Acte de baptême de Pierre Daru le 10 février 1767

L’an que dessus [1767] et le dixieme fevrier les ceremonies du bapteme ont été supléés a Pierre Antoine Noel Bruno né le douze janvier dernier et baptisé a la maison le quatorze du meme mois fils legitime et naturel de M. Noel Daru avocat et premier secretaire de l’intendance de Languedoc et de dame Susanne Peries. Le parrain a été M. Pierre Assier avocat et la marraine dame Catherine Donadieu veuve de M. François Peries. Le pere et la mere presens signés avec le parrain la marraine et autres.

Voir l'image en grand Archives de la Ville de Montpellier, GG278, fol. 181 Registre baptêmes, paroisse Notre-Dame des Tables, 1767
Pierre Daru est né le 12 janvier 1767 à Montpellier. Ondoyé deux jours après sa naissance « dans la maison à cause du danger pressant », il ne fut baptisé solennellement qu’un mois après dans l’église Notre-Dame-des-Tables, pratique assez rare à l’époque où le baptême suivait toujours de peu l’enfantement. Daru reçut une éducation soignée au collège royal militaire de Tournon (Ardèche), où il fit ses humanités. Son père le fit entrer à quinze ans comme commis à l’Intendance de Languedoc, chargé du bureau de la guerre, sous la direction de l’intendant Saint-Priest. Il ne resta que deux ans en poste, puisqu’en 1784, son père lui acheta une charge de commissaire provincial des guerres au parlement de Languedoc, bien qu’il n’eût ni l’âge ni le temps de service antérieur requis. En 1792, Daru fut affecté en Bretagne et quitta définitivement Montpellier.

 
Plan de la métairie de M. Daru

Voir l'image en grand Archives de la Ville de Montpellier, II8 Plan de compoix (s.d. [après 1762])

 

Pierre Daru était le fils de Noël Daru (1727-1807), avocat grenoblois, établi à Montpellier grâce à ses relations avec l’intendant de Languedoc Saint-Priest. Issu d’une famille de la bourgeoisie (son père a occupé la charge de maire de la ville de Grenoble), Noël Daru entre en 1762 au service du vicomte de Saint-Priest comme secrétaire général de l’Intendance de Languedoc pour la généralité de Montpellier. Il se fixe définitivement dans cette ville en 1765 par son mariage avec Suzanne Périer ou Périès (selon les graphies variables), fille d’un négociant local. Compatriote et fidèle des Guignard de Saint-Priest, famille de parlementaires grenoblois, il fait toute sa carrière auprès du père Jean-Emmanuel (intendant de 1751 à 1785) et du fils Marie-Joseph-Emmanuel (intendant de 1764 à 1786). C’est sans doute grâce à leur protection qu’il est nommé capitoul de Toulouse en 1769, charge qui lui confère automatiquement la noblesse et qui lui permet d’accéder à une position sociale supérieure. Il prend sa retraite en 1787, après la nomination du nouvel intendant Ballainvilliers, mais demeure à Montpellier jusqu’en 1791.

Noël Daru consolide son ancrage montpelliérain en acquérant vers 1770 auprès du marchand Jean-Baptiste Vigan une métairie au terroir de La Croix d’argent. Cette propriété, qu’il n’a de cesse d’étendre, était composée de vignes et de champs. La bâtisse est figurée sur ce plan de compoix daté de la fin du siècle. Elle figure postérieurement sur les différents cadastres et plans de la ville sous les noms de Mas de Gay, Jaumes et Le Vigan. C’est aujourd’hui le Chai Molière.

450ème anniversaire de la mort de Guillaume Rondelet

Archives de la Ville de Montpellier, 3Fi58Voir l'image en grand Archives de la Ville de Montpellier, 3Fi58 Portrait gravé de Guillaume Rondelet

 
On a gardé le souvenir de Guillaume Rondelet (1507-1566) surtout comme l’ami de Rabelais. L’auteur de Gargantua et Pantagruel l’a immortalisé dans le Tiers Livre sous les traits de maître Rondibilis, le médecin humaniste et sage qui conseille Panurge dans ses projets de mariage. Rondelet fut cependant l’un des professeurs de la faculté de médecine de Montpellier les plus importants de la Renaissance.
Il a œuvré principalement pour le développement des études d’anatomie et contribua à l’édification du premier amphithéâtre de France dédié à cette discipline. Il eut une influence considérable dans les domaines de la botanique et de la zoologie.
Il est ainsi le créateur de la biologie marine en France. Son opus le plus célèbre, les deux Libri de piscibus marinis parus à Lyon en 1554 et 1555, L’histoire entière des poissons dans leur traduction française par son élève et ami Laurent Joubert (1558), constitue le premier ouvrage scientifique d’ichtyologie. Il décrit 440 espèces aquatiques, dont 241 de poissons, principalement de Méditerranée, toutes illustrées de figures gravées. Sa réputation de bon vivant n’est pas déméritée, chacune des descriptions étant accompagnée de conseils gastronomiques pour cuisiner le poisson comme il se doit.


Manifest de Monsieur maître Guillaume Rondelet, docteur en medecine

Voir l'image en grand Archives de la Ville de Montpellier, Joffre 278, fol. 16 Usuel du compoix du sixain Sainte-Foy (c.1544)

Guillaume Rondelet, selon ses biographes, est né le 27 septembre 1507 à Montpellier dans une famille d’épiciers-apothicaires. Après des études à Paris et Montpellier, il obtient son doctorat en 1537 dans sa ville natale. A partir de 1539, il figure sur les programmes des cours de l’Université, mais sa carrière professorale à Montpellier ne débute véritablement qu’à partir de 1545, date à laquelle il est désigné successeur à la régence de Pierre Laurens. A la mort de Jean Schyron en novembre 1556, il est nommé chancelier de l’Université. Ses obligations à la Faculté ne l’empêchent pas de voyager dans toute l’Europe, accompagnant le cardinal de Tournon, ambassadeur du roi de France, en Italie ou aux Pays-Bas.
Il épouse une Montpelliéraine, Jeanne Sandre. Il demeure chez sa belle-sœur, Catherine Sandre, dans la maison à l’angle de la rue de la Loge et de la rue des Trésoriers de France. Propriétaire terrien, il possède un domaine à la limite du terroir de Lattes, le mas de Rondelet. On le retrouve ainsi inscrit sur les anciens cadastres de la ville ou compoix, dans les registres du sixain Sainte-Foy, au chapitre de l’île du consulat où il habitait. Sa déclaration fiscale comporte 25 items, pour un impôt de 167 livres 11 sols 11 deniers, ce qui dénote une certaine aisance matérielle.

Bibliographie : Louis Dulieu, La médecine à Montpellier, tome II, La Renaissance, Avignon, Les Presses universelles, 1979.


Testament de Guillaume Rondelet, le 20 juillet 1566

Voir l'image en grand Archives de la Ville de Montpellier Extrait du testament, copie notariée XVIe s.

C’est lors d’un voyage à Toulouse en juillet 1566 que Guillaume Rondelet tombe gravement malade. Il accepte cependant de se rendre chez son ami, le célèbre juriste et humaniste toulousain Jean de Coras, pour se reposer dans son château de campagne à Réalmont dans le Tarn. Il y meurt quelques jours après son arrivée le 30 juillet 1566. Au vu de son état de santé, il avait jugé opportun auparavant de faire son testament à Toulouse, le 20 juillet, devant maître Amblard notaire.
Au nom de Dieu. Scaichent tous que l’an de grace mil cinq cens soixante six et le vingtiesme jour du moys de jullet en Tholoze regnant tres chrestien prince Charles par la grace de Dieu roy de France, dans la mayson de Jean du Four, merchant de Tholoze, pardevant moy notaire royal et presents les tesmoins soubsignés. A esté present et personnellement estably monsieur maistre Guillaume Rondellet, chancellier et docteur regent en l’université et faculté de medecine de Montpeillier, lequel de son bon gré franche et liberalle volonté, bien dispousé de sa personne par la grace de Dieu, ainsin qu’il a apareu a moy notaire royal et tesmoins soubzescrits, a faict et ordonné son testement et derniere volonté comme s’ensuict…

Dans ce testament, Guillaume Rondelet cite ses trois filles, Catherine, Jeanne et Suzanne, et ses deux petites-filles, Tiphaine d’Assas et Suzanne de Lescure, mais il teste en faveur de l’enfant que porte sa seconde épouse Tiphaine de La Croix. Cet héritier posthume ne semble pas avoir vu le jour. Ce sera sa fille cadette Suzanne Rondelet, qui épouse en 1584 Mathurin de Tremolet de La Valette, qui héritera de tous ses biens.
Rondelet lègue « aux pouvres de l’eglise refformée de Montpellier la somme de cinquante livres tournois ». Il a été en effet un des premiers adeptes de la nouvelle religion protestante à Montpellier, dont il devint l’un des chefs. Une de ses filles a d’ailleurs épousé au Temple en 1563 le pasteur Hervé de La Haye, « ministre de la Parole de Dieu en l'église chrétienne de la Ferté-Bernard ».

Autour de lui, plusieurs confrères l’assistent : Pierre Brosse, médecin de Toulouse, dont le frère est ministre calviniste, Nicolas Labbé, médecin de Toulouse, Claude Martin, médecin de Montpellier, ainsi que deux étudiants en médecine. Est présent également le valet de monseigneur Jean de Montluc, évêque de Valence et de Die mais proche des idées de la Réforme. Ce prélat toulousain, homme d’influence, est conseiller politique de la reine Catherine de Médicis. Il est donc fort probable que l’objet du voyage de Rondelet à Toulouse était à la fois professionnel, politique et religieux.

300ème anniversaire de la naissance de Joseph Marie Vien (1716-1809)

 Joseph Marie Vien (1716-1809) fut l'un des peintres les plus célébrés de son vivant. Si la postérité n'a pas retenu le nom de Vien comme l'auteur de chefs-d'œuvre, on lui reconnaît cependant une importance majeure dans l'histoire de l'art. Il est considéré en effet comme le père du néoclassicisme, nouveau courant pictural qui émerge au milieu du XVIIIe siècle en rupture avec le style rococo. Après sa mort, on l'a souvent qualifié de « régénérateur de la peinture en France ». Et il est le seul Montpelliérain à être inhumé au Panthéon.

Voir l'image en grand Musée du Vieux Montpellier, 2011.0.171 Portrait gravé de Vien d’après Adélaïde Labille-Guiard (1790)

Joseph Marie Vien a marqué son époque. Par son œuvre et surtout grâce à son grand talent de pédagogue, il conduisit l'évolution de la peinture française du rococo foisonnant, avec ses thèmes pastoraux et frivoles, vers un néoclassicisme épuré, inspiré fondamentalement par l'Antiquité gréco-romaine. Parmi ses nombreux élèves, il faut citer le principal, Jacques Louis David, qui s'imposa très vite par son talent comme le chef de file de cette nouvelle école de peinture. Sous le règne de Louis XVI, Vien accède à tous les honneurs, ainsi que l'indique la légende de la gravure ci-contre : « Premier Peintre du Roi, Chevalier de son Ordre, Directeur, Recteur et Chancelier de son Académie royale de peinture et sculpture, ancien directeur de l'Académie de France à Rome ».


Acte de baptême de Joseph Marie Vien le 21 juin 1716

L’an que dessus [1716] et le vingtunieme du mois de juin a été batisé Pierre Joseph Marie Vien, né le dixhuitieme du meme mois, fils legitime et naturel de Germain Vien, maître serrurier, et de Catherine Siminion. Son parrain a été François Jandron et sa marraine Marguerite Chauvete. Signés avec nous de meme que le pere icy present.

Joseph Marie Vien est né le 18 juin 1716, descendant d’une lignée de maîtres serruriers montpelliérains. Son père est autant un fabriquant de serrures, qu’un mécanicien auquel font appel les consuls pour réparer l’horloge de la ville. Il ne reçoit qu’assez tard une éducation artistique, après plusieurs expériences professionnelles chez un procureur, un ingénieur du cadastre et un maître faïencier. Il devient à 18 ans l'élève de Jacques Giral, peintre appartenant à la célèbre famille d’architectes montpelliérains. Il quitte définitivement sa ville natale en 1740 et entre à Paris dans l’atelier de Charles Joseph Natoire. Son séjour à Rome entre 1744 et 1750 est déterminant pour ses choix esthétiques. Il découvre les ruines romaines et va développer dès lors un goût antiquisant qui fera son succès. Sa carrière est lancée par la célèbre Marchande d’amours exposée au Salon de 1763 (château de Fontainebleau, présentée au Musée Fabre en 2013 dans le cadre de l’exposition « Le goût de Diderot »).

Voir l'image en grand Archives de la Ville de Montpellier, GG164 Registre de la paroisse Sainte-Anne (1712-1717), fol. 131

On peut admirer actuellement à Montpellier plusieurs œuvres de Vien. Il a exécuté en 1771 le plafond de la Cour des Aides, réinstallé dans la première chambre de la Cour d’appel au palais de justice. Il a peint un Saint Jean l'Evangéliste pour la chapelle Saint-Charles de l'Hôpital général, ainsi qu’un Saint Jean Baptiste dans le désert pour l’église de la Merci (aujourd’hui au musée Fabre). D’après ses mémoires, il aurait également réalisé dans sa jeunesse des portraits des consuls pour l’Hôtel de ville, brûlés à la Révolution. Le musée Fabre conserve une vingtaine de peintures de l’artiste, et le musée Atger plusieurs dessins.

Joseph-Marie Vien fait comte de l’Empire

Voir l'image en grand Archives de la Ville de Montpellier Lettres patentes de Napoléon Ier (1808)


Grâce à sa réputation et soutenu par David, Vien traverse bon an mal an la période révolutionnaire. Sa situation s’améliore en 1799 avec la prise du pouvoir par Napoléon Bonaparte, grand admirateur de son art. Le premier Consul réserve à l’octogénaire un siège au Sénat. Vien retrouve ainsi après la Révolution la reconnaissance officielle et le rang social qu’il avait sous l'Ancien Régime : membre de l’Institut, recteur-professeur des écoles spéciales de peinture et de sculpture de Paris, commandant de la Légion d’honneur. En tant que sénateur, Vien fait partie en 1808 de la première promotion à la noblesse d'Empire, élite du nouveau régime. Il meurt le 27 mars 1809. Reconnu comme l’un des plus grands artistes de son temps, on lui fait l’honneur de funérailles au Panthéon. Il est d’ailleurs le seul peintre à y reposer.

Ce grand diplôme en parchemin (65 x 48 cm) de comte de l’Empire a été octroyé par Napoléon à Bayonne le 26 avril 1808, et signé de sa main. Il est scellé du grand sceau impérial de cire rouge par l'archichancelier de l'Empire Cambacérès. Il accorde à Vien la noblesse à titre héréditaire. Les armoiries dessinées et peintes dans la marge de gauche sont décrites dans l'acte : écartelé 1° du Sénat, 2° de gueule aux 3 étoiles d’argent 1 et 2, 3° de gueule à la lampe antique d’or, 4° d’azur au pinceau et porte crayon placés en sautoir, et au milieu de l’écu fasce retraite d’or en fasce chargée d’une couronne de sinople attachée avec un ruban de gueules.

300ème anniversaire de la mort d'Antoine Ranc

Mort d'Antoine Ranc le 14 mars 1716

Voir l'image en grand Archives de la ville de Montpellier, GG104 Registre de la paroisse Saint-Pierre (1712-1716), fol. 126.

L'an et jour que dessus [15 mars 1716], sieur Antoine Ranc, peintre, decedé le jour d'hier a l'age de quâtre vingt deux ans, a été porté dans l'eglise des Dominiquains pour y étre enterré, en presence de M. Jean Etienne Trinquier, prétre, et de Guiraud Coulet, clerc.

Né à Montpellier le 22 avril 1634, fils d'Antoine et de Marguerite Gély, Antoine Ranc a accompli toute sa carrière dans sa ville natale. Après avoir effectué le « voyage à Rome », il s'installe définitivement à Montpellier, où sa présence est attestée  à partir  de 1667. Il y épouse en 1671 Françoise Boyer, avec laquelle il a quatre fils, dont les peintres Jean et Guillaume Ranc. Sa clientèle est constituée principalement des institutions religieuses de la ville et de ses environs (Mauguio, Aniane). Il réalise des commandes importantes pour la cathédrale Saint-Pierre et l'église Notre-Dame-des-Tables. Malgré son ancrage local, son atelier a vu passer de grands artistes du début du XVIIIe siècle. Antoine Ranc fut le maître de Hyacinthe Rigaud (1659-1743), le célèbre portraitiste de Louis XIV, et de Jean Raoux (1677-1734), qui a fait l'objet d'une rétrospective au Musée Fabre en 2009.


Antoine Ranc peintre officiel du Consulat

Voir l'image en grand Archives de la ville de Montpellier, CC904 Registre de compte de Claverie de l'année 1668, fol. 12.

[Fait despence] de la somme de trois cens livres, payée au sieur Antoine Ranc paintre pour avoir fait le portraict des sieurs consuls, suivant l'article XLII dudit estat, appert du mandement avec la quittance au pied des XII° mars et XI° avril 1669.

En 1668, Antoine Ranc succède à Paul Pezet comme peintre officiel du Consulat ; son nom apparaît pour la première fois sur les registres de compte de la Ville. On lui confie ensuite chaque année, sans discontinuité jusqu'en 1714, la tâche de réaliser le portrait des consuls de Montpellier qui ornent les murs de la Maison consulaire. Il reçoit pour cela la somme forfaitaire de 300 livres. Antoine Ranc s'est forgé ainsi une solide réputation de portraitiste. A partir de 1715, son fils Guillaume lui succède dans les registres de comptes consulaires. Les consuls le chargent également d'autres ouvrages décoratifs pour les fêtes et cérémonies publiques (entrées solennelles, feux de joie). La même année 1668, il doit peindre et dorer les drapeaux des sixains, les six quartiers de la ville.


Le Reniement de saint Pierre

Voir l'image en grand Photo William Davies, (©DRAC LRMP) Le Reniement de saint Pierre, huile sur toile (110x100 cm)

L'œuvre d'Antoine Ranc est constituée essentiellement de compositions religieuses, conservées pour la plupart dans les églises de Montpellier. L'église Saint-Mathieu, ancienne église du couvent des Dominicains, possède trois tableaux de cet artiste : Sainte Catherine-de-Sienne recevant les stigmates, Apparition de l'Ange à saint Joseph et un Reniement de saint Pierre. Antoine Ranc était très proche des Dominicains, qui lui commandent en 1699 le retable de la chapelle Saint-Joseph. Le peintre repose d'ailleurs dans l'église Saint-Mathieu. Attribué à Antoine Ranc par Alain Chevalier, le Reniement de saint Pierre représente un épisode de la passion du Christ après son arrestation au Jardin des oliviers. D'après les Evangiles, Jésus dit à saint Pierre : « Avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois ». Dans la pénombre de la nuit, alors que pointe l'aube, on reconnaît saint Pierre, une clé (son attribut) posée au bas à gauche du tableau, se repentant à l'écoute du chant du coq. Le reniement de saint Pierre fut un thème très prisé au XVIIe siècle par les peintres caravagesques, leur permettant de jouer sur les clairs-obscurs. Cette œuvre, inscrite au titre des monuments historiques en 2000, fait partie du patrimoine religieux de la Ville de Montpellier.


Bibliographie : Hélène Palouzié (dir.), Antoine Ranc (1634-1716) peintre montpelliérain sous le règne de Louis XIV, DRAC LRMP, coll. DUO, 2016, à paraître.

400ème anniversaire de la naissance de Sébastien Bourdon

Voir l'image en grand Musée du Vieux Montpellier, D-2011-0-184 Portrait gravé de Sébastien Bourdon, par Hyacinthe RigaudSébastien Bourdon (1616-1671) est l’un des peintres français les plus importants du XVIIe siècle, aux côtés de Charles Le Brun, Philippe de Champaigne ou des frères Le Nain, même si son œuvre reste globalement mal connue du grand public. Son style est influencé par le classicisme romain de Nicolas Poussin. Protégé par les reines Anne d’Autriche et Christine de Suède, il reçut durant sa carrière de nombreuses commandes prestigieuses. Il est, en 1648, l’un des fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture.

 
Acte de baptême de Sébastien Bourdon du 10 février 1616

Du mercredy dixieme dudit moys de febvrier [1616]. Sebastien, fils de Marin Bourdon, maître peintre de vitres, et Jeanne Gautiere, mariés, nay le second dudit moys, presenté par Sebastien Dumas, maître menuisier, et Isabeau Goussete. A esté baptizé par Monsieur Le Faucheur.

Voir l'image en grand Archives de la ville de Montpellier, GG324, fol.163 Acte de baptême de Sébastien Bourdon du 10 février 1616
Sébastien Bourdon est baptisé au temple de Montpellier, le 10 février 1616. Il est le quatrième enfant du couple Marin Bourdon - Jeanne Gautier. Son père Marin Bourdon est originaire de Verneuil (Eure), au nord de Paris. Protestant, il s’installe à Montpellier après l’édit de Nantes (1598), où il exerce les métiers de peintre et vitrier. Il épouse en 1610 Jeanne Gautier, fille d’un orfèvre de la ville. Le jeune Sébastien Bourdon est initié à la peinture dans le milieu familial. 

 

Délibération du conseil de ville, du 5 juillet 1649

 Sabastian Bourdon, maître peintre, natif de ceste ville, rezident despuis doutze ou quinze ans en la ville de Parys, lequel a sy bien reussy en son art qu’il s’est acquis l’honneur et la reputation d’estre le plus exellant peintre quy est esté de long temps, ny qui soict pour le jourd’huy dans ce royaume ny mesmes, a dire le vray, dans toutte l’Europe. Et ceste veritte est sy cognue qu’il n’y a personne quy en doibve doubter. Et estant ledit sieur Bourdon venu en ceste ville pour y voir ses parens, monseigneur le comte d’Aubijoux s’y estant rencontré pour lors, et sachant la vertu et merite dudit sieur Bourdon, a la pruve de pluzieurs personnes de condition de la ville, il auroict faict tout son possible pour le porter a changer de demeure et passer le reste de ses jours dans sa ville nattalle, a quoy ledit sieur Bourdon auroict aporté de la rezistance.
Dès les années 1640, le jeune Sébastien Bourdon accède à la célébrité. À Montpellier, les autorités municipales imaginent toutes sortes de projets pour le retenir en ville.

Voir l'image en grand Archives de la ville de Montpellier, Joffre 401, fol. 184 v° (copie GG70) Délibération du conseil de ville du 5 juillet 1649

Par exemple, les consuls proposent de créer « une accademie » où il pourra montrer ses talents en peinture, sculpture, perspective et mathématiques. Et ils lui passent commande du grand tableau et des petits portraits des nouveaux élus qu’ils font réaliser chaque année pour orner les murs de l’Hôtel de Ville. Ils espèrent ainsi que la gloire du peintre rejaillira sur « l’honneur et la réputation de la ville ». Malheureusement, les consuls n’arrivent pas à s’entendre avec Bourdon, et le peintre repart à Paris.


Commande de tableaux à Sébastien Bourdon, en 1657

Voir l'image en grand Archives de la ville de Montpellier, BB149, fol 131 r° Contrat entre les consuls et Sébastien Bourdon, 1657Contrat de commande faite à Sébastien Bourdon d’un grand et de 6 petits tableaux officiels des consuls de Montpellier pour la somme de 1300£ daté du 19 mai 1657.

L’an mil six cens cinquante sept, et le dixneufviesme jour du mois de may appres midy a Montpellier […] sachant en l’année mil six cens quarante neuf avoir esté prinse desliberation pour prier sieur Sebastian Bourdon, recteur en l’academye royalle de peinture, sculpture establie au Louvre, de fere son domicile et arrester en ceste ville, et a cest effect avoir esté nommés de commissaires avec pouvoir a iceux de luy offrir mil livres pour le grand et petit tableau de messieurs les consuls […] ; et que ledit sieur Bourdon, n’ayant pas truvé le prix de l’ouvrage a fere dans ceste somme, l’ayant faict entendre auxdits sieurs consuls, s’en seroit allé en la ville de Paris où il auroict esté arresté par les ordres du roy pour l’establissement d’une accademie royalle de son art, et d’où, estant appellé par la reyne de Suede pour travailler a son service, il y seroict allé par permission du roy, et auroict sesjourné a la cour de ceste grande reyne l’espasse d’un an, au retour duquel voyage, ayant faict et parachevé l’establissement de ceste accademye royalle, et requis par messieurs du venerable chappitre Saint-Pierre de fere le tableau du grand autel de la cathedralle, il seroict venu en ville poussé par le desir de laisser dans sa patrie un ouvrage de ceste importance ; et que lesdits sieurs consuls, voullans proffitter de ceste occasion, auroient reprins les corements de la negociation faicte avec ledit sieur Bourdon et truvé en luy une disposition favorable pour l’arrester en ville, pourveu qu’on conciderat la valleur de l’ouvrage qu’on l’obligeoit de fere, laquelle negociation rapportée en plain conseil tenu le susdict jour quinziesme de ce moys, auroict esté desliberé que la desliberation prinse la susdite année MDC quarante neuf seroict executtée, […]

Voir l'image en grand Archives de la ville de Montpellier, BB149, fol.131v° Contrat des consuls et Sébastien Bourdon (signatures),1657

Après leur déconvenue de 1649, les consuls ont une nouvelle opportunité d’attirer Sébastien Bourdon à Montpellier. En 1657, le peintre se rend dans sa ville natale pour répondre à la commande du chapitre cathédral du tableau du maître-autel de la cathédrale Saint-Pierre (La Chute de Simon le Magicien). Bourdon accepte cette fois-ci les conditions pour réaliser le grand tableau officiel des consuls de Montpellier ainsi que les six petits portraits. Ces œuvres ont été brûlées à la Révolution, avec tous les portraits que contenait la Maison consulaire. Le célèbre portrait du Musée Fabre L’homme aux rubans noirs serait l’unique rescapé de cette série.

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